A propos du mensonge

Peter Brook et Abbas Kiarostami

Sur France culture, 10/10/ 2O12 link (08:20)

     Peter Brook " je serai content si ce film peut continuer à servir ce qui était le but du film (...) Nous sommes aujourd'hui dans un océan , un tsunami, de mensonges. Mais le problème du mensonge, c'est qu'un bon menteur est toujours plausible et que l'on a aucune raison pour ne pas l'écouter, jusqu'à ce que nous entendions le point de vue opposé, et de le croire aussi, jusqu'à ce que nous sentions que nous avons une part de responsabilité. Et là, on comprend le vrai sens du titre du film qui n'est pas "nous sommes entourés de mensonges" mais "racontes nous, je t'en prie, continues à nous raconter des mensonges parce que dans une situation comme notre situation globale aujourd'hui, c'est si pénible que le soulagement, la petite piqûre, la meilleure des drogues pour nous soulager, c'est le mensonge et le film nous aide à revenir à notre responsabilité adulte, ne pas être complètement dupes.

      Abbas Kiarostami :" Il me semble que dans les conditions actuelles cette nécessité du mensonge est encore plus présente parce que la vérité est si insupportable que nous sommes encore plus demandeurs de mensonges qui puisse nous faire avaler l'amertume de cette vérité. En effet, moi aussi dans les nouvelles que j'ai entendues, la seule bonne nouvelle que j'ai entendues, c'est la pluie annoncée pour demain, en dehors de tout cela tout le reste était plutôt désespérant. Peut-être qu'aujourd'hui il n'y a pas d'autre chose que le mensonge pour rendre la vie supportable, dans l'attente d'une autre solution moins provisoire. Donc j'acquiesce totalement aux propos de Peter Brook. Mais peut-être que sa plus grande expérience lui a fait sentir que l'illusion est une solution même provisoire pour affronter le réel, donc le mensonge ce n'est pas simplement un acte gratuit, c'est peut-être une façon de souhaiter un autre monde".

mot clé : mensonge, illusion