L'homme : ange ou démon ?

Publié le 17 Octobre 2022

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L'objectif de cet exercice est de se préparer à l'épreuve du baccalauréat pour la filière technologique.

[ photographie Adetona Omokanye, 2022] ....

[ photographie Adetona Omokanye, 2022] ....

Exercice

Dans chacun de ces textes les auteurs voient l'origine de la morale dans la nature de l'homme. Mais leurs conception de la nature de l'homme s'oppose.

 

TEXTE 1


La pitié est un sentiment naturel, qui, modérant dans chaque individu l’activité de l’amour de soi, concourt à la conservation mutuelle de toute l’espèce. C’est elle qui nous porte sans réflexion au secours de ceux que nous voyons souffrir ; c’est elle qui, dans l’état de nature, tient lieu de lois, de mœurs et de vertu, avec cet avantage que nul n’est tenté de désobéir à sa douce voix ; c’est elle qui détournera tout sauvage robuste d’enlever à un faible enfant ou à un vieillard infirme, sa subsistance acquise avec peine, si lui-même espère pouvoir trouver la sienne ailleurs . C’est elle qui au lieu de cette maxime sublime de justice raisonnée : Fais à autrui comme tu veux qu’on te fasse, inspire à tous les hommes cette autre maxime de bonté naturelle bien moins parfaite, mais plus utile peut-être que la précédente : Fais ton bien avec le moindre mal d’autrui qu’il est possible. C’est, en un mot, dans ce sentiment naturel, plutôt que dans des arguments subtils, qu’il faut chercher la cause de la répugnance que tout homme répugnerait à mal faire, même indépendamment des maximes de l’éducation.

J. J. Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755)

 

Questions de compréhension

1. Comment Rousseau définit-il la pitié dans ce texte ?
2. Selon Rousseau la pitié est-elle un sentiment produit par l’éducation ?
3. Pourquoi l’amour de soi a-t-il besoin d’être « modéré » ? (définir ce qu'est l'amour de soi pour répondre).
4. Quelle est la puissance de la pitié ? Quelle est sa limite ? (lignes 5 à 7)
5. Quelle différence y a-t-il entre la première maxime  (1) évoquée par Rousseau et la seconde ? Pourquoi la seconde maxime est-elle considérée comme « moins parfaite
mais plus utile que la précédente ? »
6. Pourquoi la pitié est-elle plus légitime (2) que la raison pour nous détourner du mal ?

 

Question de synthèse

dégagez  :

- le thème du texte

-la thèse du texte

- les étapes de l'argumentation (précisez le découpage du texte en indiquant les lignes du texte, résumer chaque partie par une phrase)

 

 

(1) une maxime est un précepte moral, une règle pour bien se comporter dans la vie ou une constatation générale sur la vie.

(2) plus légitime signifie ici qu'elle a plus de valeur car elle conduit à une action morale plus sincère ou plus authentique.

Vocabulaire :
Pour Rousseau l’état de nature (1) se caractérise en l’homme par deux sentiments majeurs :
l’amour de soi et la pitié.
L’amour de soi est un sentiment qui nous dispose favorablement envers nous-mêmes et nous pousse à satisfaire nos besoins. Cet amour se distingue de l’amour-propre, forme pervertie de l’amour de soi dans une société qui pousse les hommes à se comparer les uns aux autres et rend les individus narcissiques.

 

Repère : Médiat/immédiat

Tandis que la raison est médiate parce qu’elle permet de mettre le monde à distance pour
réfléchir à ce que l’on va faire, la pitié est immédiate et nous pousse à agir spontanément au service d’autrui sans réflexion.

(1) on appelle "état de nature" l'état contraire à la vie en société. C'est une fiction méthodologique car tous les hommes vivent en société comme nous l'avons vu en cours, il n'existe pas d'homme sauvage,  mais cette fiction de l'état de nature permet aux philosophes d'isoler en l'homme les caractéristiques naturelles qui le définissent sans qu'il y ait d'influence de la société. C'est un peu comme si on avait pris un bébé et qu'on l'avait élevé dans un laboratoire sans qu'il n'ait de contact avec d'autres êtres humains.

TEXTE 2


L’homme n’est pas un être doux, en besoin d’amour, qui serait tout au plus en mesure de se
défendre quand il est attaqué, mais au contraire, il compte aussi à juste titre parmi ses aptitudes pulsionnelles (1) une très forte part de penchant (2) à l’agression. En conséquence de quoi, le prochain (3) n’est pas seulement pour lui une aide et un objet sexuel possibles, mais aussi une tentation, celle de satisfaire sur lui son penchant à l’agression, d’exploiter sans dédommagement sa force de travail, de l’utiliser sexuellement sans son consentement, de s’approprier ce qu’il possède, de l’humilier, de lui causer des douleurs, de le martyriser et de le tuer. Homo homini lupus [l’homme est un loup pour l’homme] (4); qui donc après toutes les expériences de la vie et de l’histoire, a le courage de contester cette maxime (5) ? [...] L’existence de ce penchant à l’agression que nous pouvons ressentir en nous-mêmes et que nous présupposons à bon droit chez l’autre, est le facteur qui perturbe notre rapport au prochain et oblige la culture à la dépense qui est la sienne. Par suite de cette hostilité primaire des hommes les uns envers les autres, la société de la culture est constamment menacée de désagrégation. L’intérêt de la communauté de travail (7) n’assurerait pas sa cohésion, les passions pulsionnelles sont plus fortes que les intérêts rationnels. Il faut que la culture mette tout en œuvre pour assigner des limites aux pulsions d’agression des hommes. [...] De là la restriction de la vie sexuelle et de là aussi ce commandement de l’idéal : aimer son prochain comme soi-même, qui se justifie effectivement que rien d’autre ne va autant à contre-courant de la nature humaine originelle.

 

S. Freud, Le Malaise dans la culture (1929)

 

(1) Une attitude pulsionnelle ce serait ici une réaction instinctive.

(2) un penchant a comme synonyme tendance, inclination a

(3) le prochain désigne ici les autres êtres humains

(4) Cette citation latine "l'homme est un loup pour l'homme" est très célèbre et reprise dans de nombreux textes philosophiques.

(5) une maxime est un précepte moral, une règle pour bien se comporter dans la vie ou une constatation générale sur la vie.

(6) La communauté de travail désigne la société considérée uniquement du point de vue des relations instituées par la division du travail. Pour beaucoup de philosophe la division du travail est une nécessité car sans elle les hommes ne pourraient pas satisfaire leurs besoins. Ils en déduisent que la division du travail est au fondement de la vie sociale et garantit la paix et la cohésion dans la cité. Ce n'est pas l'avis de Freud. Il faut qu'elle chose d'autre, ce quelque chose c'est la culture, c'est-à-dire l'ensemble des valeurs, des institutions (par exemple la religion) que les hommes ont en commun.

Questions de compréhension


1. Quelle conception de l’homme Freud rejette-t-il dès la première phrase ? A quel
philosophe pense-t-il ?
2. Comment l’homme est-il défini par Freud ? Sur quoi se fonde son analyse ?
3. Expliquez le sens de la citation de Plaute (également cité par Hobbes) : « l’homme est
un loup pour l’homme
».
4. Expliquez l’expression « oblige la culture à la dépense qui est la sienne. » (ligne 12) .
Quel est le sens du mot « culture » ? Pourquoi faut-il que « la culture mette tout en
œuvre pour assigner des limites aux pulsions d’agression des hommes
. » (lignes 15-16)
5. Quelles est l’origine du « commandement de l’idéal : aimer son prochain comme soi-
même
» ? Comment Freud l’utilise-t-il pour confirmer sa propre thèse (préciser la thèse
du texte) ?

Question de synthèse

dégagez  :

- le thème du texte

-la thèse du texte

- les étapes de l'argumentation (précisez le découpage du texte en indiquant les lignes du texte, résumer chaque partie par une phrase)


Questions de réflexion :


6. Dire que les hommes sont agressifs et violents par nature, est-ce justifier la violence ?


7. Par quels procédés la société peut-elle parvenir à fixer « des limites aux pulsions d’agression des hommes »

 

Rédigé par A. L

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